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Ville de senseurs ou ville sensible?

La participation citoyenne est indispensable pour atteindre nos objectifs énergétiques et tendre à un développement durable.

C’est de nos villes que provient la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Le GIEC nous recommande de les réduire de 80 à 95% à l’horizon 2050. Cela peut paraître une gageure, compte tenu des freins économiques et sociaux que nous connaissons. Nous sommes toutefois conscients que des politiques innovantes de développement doivent être déployées rapidement. Il n’y a pas d’autre choix. Mais peut-on le faire sans une adhésion solide de la population ?


Volonté politique et participation citoyenne

Deux éléments paraissent incontournables afin de progresser vers les objectifs de développement durable : une volonté politique sans failles, issue de la concertation basée sur une compréhension commune des enjeux, et une forte adhésion citoyenne. L’habitant doit être consulté, impliqué. Il doit être à la source du changement, sans quoi le projet sera à risque, ballotté entre tentation populiste et intérêts particuliers. Vues comme une opportunité, les crises que nous traversons nous forcent à la réflexion et libèrent la pensée. Or, la smart city a été souvent réduite à une suite sans âme d’objets connectés. Certes, la technologie nous offre la possibilité d’accélérer le changement ; il faut toutefois la déployer en accompagnement d’un projet urbain, et non imaginer ce projet à partir de la seule présence de composants technologiques.


Le citoyen acteur essentiel

Doit-on imaginer des villes prototypales truffées de technologies puis y greffer des habitant-cobayes à l’instar des villes idéales de nos films de science-fiction, ou partir de villes existantes, pourvues d’une âme et d’un tissu social en y amenant, par touches successives, les éléments leur permettant de devenir durables et proposant au citoyen la possibilité d’un sens plus concret de bienêtre ? La réponse est peut-être à chercher à Pontevedra, ville de Galice où l’emploi de la voiture est en net recul. La proposition est venue du maire voici vingt ans. Au début, les oppositions étaient fortes et le scepticisme de rigueur. Élu à quatre reprises, Miguel Anxo Fernández a réussi le pari de créer une ville presque exclusivement sans autos avec à la clé une diminution de 30% de la pollution de l’air et de 50% de la pollution par le bruit. Ecoutons les habitants de Pontevedra : certains objectifs de développement durable ont été atteints grâce au consensus populaire. Comment imaginer aujourd’hui une adhésion citoyenne forte, nécessaire au succès d’un projet visant à atteindre les objectifs cités plus haut ? Peut-être en développant l’idée de démocratie directe, séquence en Helvétie de notre ADN politique en créant non seulement une plateforme où nous déposerions nos aspirations, mais en rendant la plateforme un élément dynamique de notre vie démocratique. Internet a permis l’émergence des réseaux sociaux, lieux qui augmentent la communication. À nos dépens nous connaissons leurs dérives : certaines informations peuvent être fausses. Devenues virales, elles sont parfois instrumentalisées. Nous sommes victimes de la vitesse, obstacle à la réflexion et au débat. Pourtant, les technologies de communication et de partage pourraient agir comme un multiplicateur démocratique. L’Iintelligence artificielle employée à bon escient ferait le reste, en tirant de la donnée produite les aspirations de chaque être humain, du moins sommes-nous en droit de l’espérer. La plateforme deviendrait le lieu de fusion de ces aspirations dans lesquelles chacun d’entre nous pourra se reconnaître.


Assumer l’ère numérique

Nos villes s’équipent de capteurs et de senseurs qui, par millions, mesurent le pouls de nos existences cumulées, autrement dit de notre société. Les données produites sont, pour un nombre croissant de villes, largement accessibles en open data. Ces données, organisées, structurées, augmentées, peuvent nourrir les applications dédiées et les plateformes démocratiques qui font aujourd’hui défaut et qui nous aideront à atteindre les objectifs de développement durable en révélant les aspirations qui veillent en chacun.e d’entre nous, afin que nous devenions les acteurs de notre futur ; afin de nous assurer que l’ère numérique que nous construisons soit assumée et non subie.

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