Eveiller l’intérêt pour la transition écologique et énergétique d’une manière ludique ?
C’est le projet conduit par Charles Hieronymi, fondateur de l’association genevoise SPOT, en collaboration avec la société Colucci Design et Théo Francart, spécialiste du Motion Design. Le bien nommé projet « Smart City » est soutenu à la fois par l’Office Cantonal de l’Energie et par les Services Industriels de Genève. La notion traditionnelle de « jeu de plateau » est déclinée ici sous forme électronique et digitale, en maintenant la notion d’objet physique, à l’aide du concept de «physical computing ».
Une approche comportementale
L’idée, simple mais forte sert un objectif essentiel qui vise à faire évoluer, par touches successives, les comportements en matière de production et de consommation d’énergie. Une sorte de goutte à goutte salutaire dans une société déjà sous perfusion : chaque modification de nos habitudes individuelles, chaque adoption d’une bonne pratique est essentielle dans la situation actuelle d’urgence environnementale.
Les programmes d’économie d’énergie ont longtemps privilégié les solutions techniques. Il est postulé ici que la composante comportementale et organisationnelle peut être à l’origine d’économies substantielles et influencer en retour l’efficacité des programmes techniques.
Un accompagnement astucieux
La proposition consiste en la mise en place d’un processus non coercitif, qui offre une récompense tant aux employés ou fonctionnaires qu’aux entreprises et institutions sous la forme d’une réduction de leur facture d’électricité. Il s’agit de dérouler une méthodologie de recherche et d’analyse, un cadre d’opérations adapté à des ensembles de population, un jeu collaboratif et des procédures d’implémentation avec in fine une stratégie de vérification des résultats. A cette fin, trois groupes-cible ont été retenus :
Les regroupements dans le cadre de la consommation propre (RCP). Il s’agit d’un rassemblement de résidents d’un même quartier ou immeuble qui mettent en commun leur destinée énergétique, de la production d’électricité photovoltaïque locale à sa consommation. Les partenaires sont les agences immobilières, les architectes, les bâtisseurs et les associations de propriétaires ou locataires.
Les grands consommateurs, entreprises, institutions, PME
La nouvelle génération. Les partenaires dans ce cas sont le Département de l’Instruction Publique et les écoles privées
Deux variantes du jeu SmartCity sont proposées. La première permet d'adopter une vision macro-économique et politique des décisions en matière d'énergie pour une région définie. La seconde envisage d'appréhender les systèmes de régulation de la consommation énergétique d'une habitation au sein d'un "smart grid". Le joueur agit sur la production énergétique et sa consommation sur une durée déterminée, tout en respectant les lois économiques et les contraintes budgétaires.
Un pari au retour garanti
Le succès des jeux vidéo n’est pas à démontrer. Le sens du jeu est en nous pour la vie. A l’instar des Colons de Catane, du Monopoly ou de Sim City, jeux culte exploitant chacun à sa manière la matière urbaine dans sa dimension sociale, ce nouveau jeu devrait trouver un public motivé sinon enthousiaste. L’idée, d’ailleurs illustrée par CrowdEnergy du Smart Living Lab de Fribourg n’est d’ailleurs pas si révolutionnaire. Issue d’un croisement entre les jeux sérieux (serious games) et les jeux de gestion (construction and management simulation), le concept exploite la dimension pédagogique du jeu, expérimentée par chacun d’entre nous dès la prime enfance.
Réaliser un jeu éducatif contribuant à une meilleure compréhension des enjeux de la transition énergétique et amenant les citoyens à une évolution de leurs habitudes par leur propre créativité ? Le pari est lancé et le retour est prometteur. Une maquette est d’ores et déjà construite et un prototype est en phase de réalisation. Il sera optimisé par itération jusqu’à sa phase d’industrialisation. A vos jeux ? Rien ne va plus !
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